Rencontre : Jean-Charles Bourdin, The Black Machine

Et si le secret d’une fête réussie était la simplicité ? Avec ses cabines nomades, Jean-Charles a trouvé le moyen imparable pour ambiancer toutes sortes de célébrations de manière durable, élégante et efficace. Rencontre.

Par HOME MAGAZINE - photos : Manon Parthonnaud

Avec The Black Machine, sa flotte de caravanes iconiques et ses milliers de vinyles, Jean-Charles, derrière le collectif Musique et Émotion dépoussière l’animation événementielle. Ses mots d’ordre : sobriété, élégance, réactivité. Rencontre avec ce chef d’entreprise passionné de musique et fou de design, qui nous raconte son parcours inspirant et partage ses conseils pour une fête réussie.

Comment votre parcours dans l’univers de la musique a-t-il évolué ?
Mon papa, passionné de musique, animait lui aussi des soirées, j’ai été bercé dans cet univers depuis tout petit. Chez mes parents, je me souviens qu’on avait même une pièce entière dédiée à la musique avec des platines, des jeux de lumière… C’était ma salle de jeux ! Après le bac je suis parti dans une autre direction. Diplômé dans le commerce, je suis devenu commercial puis j’ai pris la direction d’un magasin pour les professionnels de la musique. Proche du monde de la nuit, j’ai commencé petit à petit à organiser et animer mes premières soirées, en 2010. C’est comme ça que je me suis lancé dans l’univers du mariage. À l’époque, je gérais tout : organisation, décoration, DJ, sonorisation, éclairage, photographie…

D’où vous est venue l’idée de The Black Machine, le DJ truck made in France, quelques années après ?
En 2015, on devait participer à un salon du mariage alternatif, l’Atelier Wedding à Nantes. Il n’y avait plus de place pour un stand à l’intérieur, alors on m’a proposé de nous placer devant le bâtiment en extérieur. Je me suis demandé comment investir les lieux de manière originale et puis j’ai pensé à un véhicule, une cabine mobile dans laquelle on pouvait passer des vinyles. C’était un vieux camion qui tombait souvent en panne, alors l’idée de la caravane à tracter est arrivée assez naturellement. À l’époque, c’était une animation inédite, et surtout très experte. Tout le monde peut mixer sur un moniteur mais avec les vinyles, c’est différent. On a plus de 300 disques dans chaque caravane (5 au total à ce jour réparties entre Angers, Bordeaux et Marseille pour couvrir les mariages des alentours et limiter l’impact carbone).

Comment avez-vous designé la caravane ?
J’ai réfléchi à ce service comme une marque à part entière, avec un logo, une couleur et un design reconnaissable. Je suis un fou de design, j’adore les intérieurs minimalistes et les jeux de matériaux naturels, à l’instar du travail du cabinet d’architecture Atelier Ordinaire, mais aussi des tiny houses, des magazines de décoration…

Qu’est-ce qui fait qu’un DJ est véritablement bon selon vous ?
La règle, c’est de passer le bon titre au bon moment. On regarde comment les invités réagissent, on analyse, on adapte… Pour ça, pas de formation – c’est du feeling, et surtout une très grande culture musicale (plus qu’une bonne technique de mix). Quand on se retrouve devant 200 personnes, on doit avoir un maximum de titres en tête pour faire les bons choix.

Quelles sont les plus grosses contraintes dans le métier de DJ ?
Forcément, l’amplitude horaire. On arrive minimum 3 heures avant les invités pour tout installer, on travaille à partir de l’ouverture des lieux jusqu’à la fin de la soirée dansante où on démonte à nouveau. Et puis, bien souvent, on doit s’adapter : à chaque week-end un nouveau lieu que l’on doit apprivoiser, un nouveau public… C’est un quotidien difficilement conciliable avec une vie de famille. J’ai depuis structuré l’organisation en créant une équipe de professionnels, j’ai mis en place des processus pour gagner en efficacité et en professionnalisme.  Je travaille aujourd’hui avec 12 DJs, ce qui nous permet de couvrir aujourd’hui environs 190 mariages par an dans toute la France.

Qui sont les artistes qui vous inspirent ?
En évènement, on a une palette assez large : folk, jazz, pop, funk… Du Juliette Armanet aux Daft Punk en passant par Bon Entendeur, Serge Gainsbourg, c’est assez éclectique. Plus personnellement, j’adore tout ce qui est instrumental, plus posé : Sofiane Pamart, Novo Amor…. Le grand écart avec ce qu’on peut avoir l’habitude de mixer en mariage.

Vous affichez complet tous les weekends près d’un voire deux ans à l’avance. Quelles sont les tendances que vous observez dans le secteur du mariage dernièrement ?
Je vois de plus en plus de cérémonies laïques, qui se déroulent directement sur le domaine – quasiment 1 mariage sur 2 pour nous. C’est une partie dont on s’occupe aussi techniquement, et même en amont avec les témoins et maîtres de cérémonie : prises de parole, ambiance musicale, transitions… Une cérémonie, c’est court dans un weekend, mais c’est aussi un moment crucial qui demande de la préparation.
Je vois aussi que les mariés organisent leur union civile en amont, la veille, le week-end précédent voire encore plus tôt. Cela simplifie le déroulé du jour J et évite les allers/retours en voiture, tout le monde est plus serein et peut profiter.

Mis à part The Black Machine, qu’est-ce qui fait le succès et la différence chez Musique et Émotion ?
Le fait que l’on propose plus que de l’animation le jour J : toute la préparation en amont avec les mariés et leurs témoins (la création de l’ambiance musicale de la cérémonie à la soirée dansante en passant par le cocktail, l’orchestration des différentes prises de parole), le conseil et la technique sur la cérémonie… On propose également des terrains de pétanque éphémère avec la Boulisterie, des guirlandes guinguettes à la location… Mais surtout, aucune animation au micro. Nos mots d’ordre : sobriété et discrétion ! Pas de limite horaire non plus (même si en général c’est 6h du matin) car à mon sens, impossible de définir en amont un horaire de fin, cela dépend de l’ambiance, des gens sur place. Enfin, nous tenons une attention particulière au dresscode, toujours élégant (un costume foncé et un nœud papillon).

En général, quel est le véritable secret d’une fête réussie d’après votre expérience ?
Je dis toujours aux mariés que 70% du travail est réalisé par le DJ, et 30% par les invités. L’astuce pour faire danser un maximum de personnes : des mariés sur la piste de danse tout le long de la soirée, c’est le moyen le plus sûr de mettre le feu sur le dancefloor !

Si vous deviez décrire votre vision du mariage moderne en 2024 ?
Un mariage avec beaucoup de simplicité : une jolie maison de campagne, quelques guirlandes lumineuses, de la cuisine au brasero… Je le vois avec l’expérience, si c’est très cliché, trop surfait, cela fonctionne moins bien. Il faut voir cet événement comme une grande fête de famille tout simplement. Je conseille également de prolonger sur plusieurs jours pour profiter un maximum les uns des autres.

Anti ‘animation au micro’, Jean-Charles milite pour des événements contemporains élégants, festifs et “vrais” : « Après une quinzaine d’années d’expérience, je me rends compte que la simplicité gagne à chaque fois. Il faut voir le mariage comme une grande et belle fête de famille ! »

5 titres iconiques pour un événement festif ?
– Le son de l’année : Fio Maravilha de Bon Entendeur x Nicoletta
– Le titre le plus demandé : Freed from desire de Gala
– Celui pour faire danser toutes les générations : Ella, elle l’a de France Gall
– La musique parfaite pour annoncer la fin de la fête : Bohemian Rhapsody de Queen ou Goodbye Stranger de Supertramp

Un dernier conseil pour de futurs mariés ?
– Un dîner pas trop tardif : en général plus tôt la soirée dansante commence, mieux c’est. Je vois de plus en plus de mariages où on zappe l’entrée pour limiter le temps passé à table. Je conseille également d’éviter les prises de parole et la diffusion de vidéo etc une fois que la soirée est lancée.
– Être présent un maximum sur la piste de danse
– Éviter de placer l’open bar à l’extérieur : les gens sortent, discutent, cela risque de couper la dynamique