Studio KO, bâtisseurs du minéral

Faire sortir de terre des lieux à l’éclatante modernité qui semblent pourtant avoir toujours été là : un heureux paradoxe architectural et un art dans lequel Karl Fournier et Olivier Marty, fondateurs de Studio KO, sont passés maîtres. Pleins feux sur ces architectes nouvelle génération.

Par Pauline Blanchard

Ils font naître des villas aux lignes contemporaines, imaginent des musées vaisseaux d’ocre et de pierre et réinventent les intérieurs d’hôtels des plus grandes métropoles avec panache. Karl Fournier et Olivier Marty, plus connus sous le nom du studio qui porte leurs initiales, forment l’un des duos d’architectes les plus prisés du moment. C’est au Maroc, leur pays de cœur, confrontés aux paysages nus ou plus broussailleux de ces terres arides, que ces deux Français ont fait leurs premiers éclats. Au sein des paysages désertiques, des bâtisses aux façades ultramodernes de pierre brute fondues dans le paysage voient le jour sous leur impulsion. Des demeures dont le duo signe aussi la décoration intérieure, privilégiant l’épure et les palettes authentiques, en harmonie avec les parures minérales des extérieurs.

ESTHÉTIQUE DE L’AUTHENTICITÉ

Puis Pierre Bergé, ami proche du couple, leur demande d’imaginer le futur musée Yves Saint Laurent à Marrakech. Pari relevé et salué lorsqu’ils dévoilent en octobre dernier un vaisseau minéral habillé d’un manteau de briques tissées, parfaitement intégré à l’architecture aux nuances terre cuite de la ville. Un condensé de ce qui fait la force du tandem et de ce que l’on aime le plus chez Studio KO : une évidence qui porte la clarté d’une architecture nouvelle et pourtant parfaitement à sa place.

Maniant avec aisance cette esthétique de l’authenticité, Olivier et Karl se plaisent à d’abord louer le travail des artisans qui les accompagnent. Dans leurs partitions à quatre mains, ces partenaires à la scène comme à la ville s’affranchissent des références et des codes. Désormais, ils multiplient les projets et imposent leur signature, mélange d’audace des matières et de maîtrise des lignes. Un tandem complémentaire pour une œuvre commune où l’émotionnel rencontre le rationnel, la pureté des lignes, le minéral et l’opulence des matières, la simplicité du tout.