Sélection : 7 marques de bijoux éthiques

Objet ouvragé et précieux servant à la parure, le bijou touche à l’émotion et requiert minutie et patience pour être façonné. Choisi avec le cœur et porté à même la peau, il appartient à la sphère de l’intime et a vocation à nous accompagner une vie durant. Florilège de maisons que la nature inspire et qui mettent du cœur et de la conscience à l’ouvrage.

Par Hélène Lahalle

Blooming Dreamer : sea time

Née en 2016 à l’initiative de l’Anglaise Hannah Blurton, Blooming Dreamer est une marque à l’accent bohème, bercée par les vagues et les embruns de la mer, et par la sensation de liberté que peut inspirer la saison solaire qu’est l’été. Hannah croit en la beauté intrinsèque des objets artisanaux dont la fabrication prend du temps, raison pour laquelle elle s’emploie à confectionner patiemment ses bagues, colliers, boucles d’oreilles ou headbands faits de pierres semi-précieuses et de perles colorées. Influencée par son amour profond pour l’océan tout comme pour le monde naturel qui l’entoure, Hannah décline à l’envi son répertoire marin. Tous les bijoux Blooming Dreamer sont conçus et fabriqués dans le studio de création de la marque, en utilisant des techniques traditionnelles. Hannah travaille également avec l’Inde, et fait appel à des artisans expérimentés de Jaipur, qui ont le savoir-faire nécessaire pour développer ses modèles faits de pierres précieuses sculptées, telles les bagues Scallop, inspirées par les formes naturelles des coquillages et disponibles en quartz, en œil-de-tigre ou en lapis-lazuli.

bloomingdreamer.com

Carthage: liberté et voyages

Carthage est la seconde vie professionnelle de Mathilde de Saint Lager, qui exerce auparavant dans la mode, notamment auprès de sa cousine Laure de Sagazan. Ressentant le besoin d’exprimer sa propre créativité, elle explore ensuite plusieurs pistes, mais le bijou revient sans cesse, avec l’intuition que ce petit objet, nomade, précieux, et concentré de savoir-faire, pourrait la combler : « Carthage est née en 2020 et avec elle une joie profonde, liée au sentiment d’être à ma place et d’avoir un terrain d’expression qui est la parfaite synthèse de mon histoire personnelle et mes valeurs. » Attirée par les bijoux depuis l’enfance, Mathilde en fabrique à ses heures perdues, mais s’initie véritablement au métier grâce à l’association Artisans d’Avenir, avant de poursuivre des formations auprès de bijoutiers-joailliers, qui l’accompagnent sur ses propres créations. La liberté est le fil rouge de sa démarche créative, sans crainte de rompre avec les codes de la bijouterie-joaillerie traditionnelle. Mathilde prend plaisir à tout explorer, optant pour tel ou tel matériau selon ses qualités intrinsèques ou esthétiques : « Le bronze pour sa patine incomparable et sa robustesse, le vermeil ou l’or pour leur préciosité, les pierres fines pour leur éclat… » Marquée par d’autres cultures durant une enfance nomade, elle ressent par ailleurs le besoin de les faire exister dans ses créations. Mathilde crée et conçoit chacune de ses pièces à la main, faisant inévitablement jaillir l’imperfection, empreinte de la main qu’elle conserve comme un trésor. Mathilde considère le bijou comme une pièce sensible qui porte en elle une histoire – ou même des histoires : « la mienne, celle de ma quête de beau, de mes voyages et des cultures qui m’ont traversée, celle des artisans dont j’aime m’entourer, et celle des civilisations et des femmes souveraines qui m’ont inspirée. »

carthage-creation.com

 

Elise Tsikis Paris : métissage et aspérités

Avant de fonder Elise Tsikis, sa marque éponyme, la créatrice franco-grecque est designer de mode durant cinq ans, puis finit par ressentir le besoin d’un retour à l’artisanat. Totalement autodidacte en bijouterie, elle crée à l’instinct depuis 2014, avec ses moyens et ses méthodes. Elise travaille la cire et sculpte toutes ses pièces à la main ; un travail extrêmement minutieux, les pièces en cire ne faisant que quelques dixièmes de grammes. Elle aime cette délicatesse et cette finesse. Ne se mettant aucune barrière, sa philosophie est de prendre plaisir et de ne rien s’imposer. Maîtriser complètement son parcours de fabrication dans son atelier parisien lui permet d’être extrêmement libre de ses choix. Puisant l’inspiration dans ses racines, mais aussi au gré de ses coups de cœur artistiques et de ses voyages, Elise aime transmettre la poésie de son métier, raconter une histoire au fil de ses collections et véhiculer des valeurs. Elle veille également farouchement à ce que ses bijoux soient de qualité, afin de durer le plus longtemps possible et de pouvoir être portés avec fierté et confiance. Élise produit très peu de quantités au lancement de chaque collection et les ajuste ensuite en fonction des préférences de chacun, souhaitant sortir des pièces au fil de ses envies et de ses inspirations plutôt qu’en fonction d’un calendrier obligatoire. Engagée à utiliser une dorure recyclée 24 carats sur ses productions, en complément de cet or recyclé, Elise utilise une dorure 24 carats labellisée Fairtrade, provenant de mines artisanales péruviennes à petite échelle et favorisant le développement social et la protection de l’environnement. Féministe engagée, elle reverse en outre 1 % de chacune de ses ventes à la Fondation des femmes.

elisetsikis.com

(c) Elise Tsikis
(c) Elise Tsikis

Maison Mönik : alliances ethniques

Maison Mönik est créée en 2015 par Aurélia Maës. Après avoir travaillé dans la photo puis dans la publicité, elle reprend une formation de styliste-modéliste, désireuse de créer des pièces personnelles. Trois enfants et un déménagement de Paris vers le Sud-Ouest plus tard, elle réadapte sa créativité à l’espace et au temps dont elle dispose, et se met naturellement à créer des bijoux. Au départ, elle fait seulement du montage. Puis, souhaitant aller au bout de ses idées, elle repart à plusieurs reprises en apprentissage auprès de céramistes et de fondeurs de bronze, ressentant le besoin d’acquérir un certain savoir-faire pour élargir son répertoire créatif. Pour créer, elle aime s’isoler un moment et être à l’écoute de ses émotions : « Toutes les données stockées dans mon cerveau infusent, et des concentrés d’inspiration naissent. Je n’ai plus qu’à dessiner, monter et bricoler avec mes souvenirs d’enfant, des femmes que j’aime, des phrases entendues, et ce le plus librement possible. » Tous ses bijoux sont créés, modelés et montés par Aurélia dans son atelier biarrot. Ici, elle taille les coquillages, travaille la terre, crée des pièces en bronze, et assemble ces matières qui, pour elle, n’ont pas de hiérarchie de noblesse. Les pièces en laiton sont fondues dans une fonderie de la région, et une grande partie du sourcing et des achats de perles recyclées est faite en Afrique, pays dont l’exotisme et les rituels font partie de l’ADN de Maison Mönik. Singuliers, bruts, intemporels et décomplexés, les bijoux d’Aurélia rendent hommage « aux femmes joyeuses, à la subtile féminité non ostentatoire », des créations auxquelles se mêlent les tendres années 1980 d’Aurélia et ses aspirations ethniques, brutes, un brin primitives.

maisonmonik.com

Nathalie Mathoulin Jewellery : Talismans par nature

En 2017, Nathalie mue en collier une pierre trouvée à même la terre par ses enfants. Une fois à son cou, le dos couvert d’or 18 carats, la pierre brute séduit son entourage, son association avec l’or les mettant respectivement en valeur. Famille et amis, qui ont chacun leurs pierres “précieuses” pour des raisons diverses et personnelles, lui passent commande ; puis en 2020, des inconnus via Instagram. Elle comprend que ces pierres et sa façon de les associer sont porteuses de sens et de poésie. Elle n’a alors aucune connaissance en bijouterie, mais est attirée par l’accessoire, a le sens du détail, et a travaillé plus de dix ans auprès de Paul Smith en tant que dessinatrice et coloriste pour la chaussure. À Londres, où elle vit depuis plus de 25 ans, les ateliers d’orfèvrerie lui ouvrent leurs portes et elle rencontre des spécialistes qui, à leur tour, trouvent sa démarche intéressante. Celle-ci consiste à trouver des éléments dans la nature, à les observer et à considérer la beauté qui leur est propre (forme, couleur, motif, texture…), pour les composer ensemble ou en solitaire, avec un sertissage qui les met en valeur. Elle questionne la notion du précieux. Certains lui envoient par la poste de petits paquets avec leurs trésors : des pierres qui racontent un voyage, une histoire, un moment important de leur vie, ce à quoi elle est très sensible. Pour lier tous ces éléments de la nature, elle utilise de l’or Fairmined, un or éthique trouvé par des communautés artisanales de mineurs utilisant des techniques naturelles de fontaines à eau recyclables, sans utilisation de mercure pour ne pas polluer les sols. Nathalie adore l’idée de ne pas creuser au fin fond de la terre pour trouver des pierres, mais de seulement collecter celles qui se trouvent à sa surface, grâce au travail naturel de millions d’années d’érosion. La richesse du sol lui permet de créer des pièces uniques, talismans poétiques et précieux.

nathaliemathoulin.com

Sarah Madeleine Bru : les métamorphoses

Si Sarah Madeleine dessine pour d’autres marques depuis dix ans et réalise déjà des pièces pour elle et ses amies, la décision de se lancer seule en 2021 vient de manière organique et graduelle pour deux raisons ; d’un côté, le plaisir de voir ses bijoux investir le quotidien d’autres personnes, et de l’autre, le plaisir de travailler avec des artisans joailliers au savoir-faire exceptionnel pour lesquels elle a un profond respect. Depuis, la créatrice confie apprendre chaque jour sur la joaillerie et la gemmologie : « Ma manière de dessiner est différente de celle d’avant SMB, transformée par mes nouvelles connaissances. Cette perpétuelle transformation me passionne. » Guidée par ses envies et ses découvertes, elle se laisse porter au gré de ses idées, mais la nature reste une obsession constante : « Je reviens toujours à elle. Tout vient de là, et finalement je ne fais que travailler avec son vocabulaire pour développer le mien. » Il résulte de ce dialogue des pièces plus ou moins littéralement inspirées de fragments de nature : un pétale, une feuille, un bourgeon, un coquillage… Chaque bijou est produit à 30 minutes de chez SMB par des ateliers de joaillerie sélectionnés pour leur talent, leurs qualités humaines et leurs valeurs. Elle n’utilise que de l’argent sterling et de l’or 18 carats recyclés, et source ses pierres et ses perles directement auprès des mines et des fermes, afin de pouvoir tout tracer et vérifier elle-même. SMB voit en ses bijoux des objets naturels et intimes qui parleront à d’autres et qu’ils pourront s’approprier : « Ils ont leur propre histoire, que j’ai inventée, mais j’aime l’idée qu’ils seront ensuite interprétés par leur propriétaire. Et qu’ils ont donc plusieurs niveaux de lecture. »

sarahmadeleinebru.com

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Article à retrouver dans le HOME Magazine n°108 (novembre-décembre 2023), disponible en kiosque
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