La rénovation de cette jolie maison pourrait se résumer en trois points : talent, travail, énergie. Cette rénova- tion est une histoire de famille à l’italienne. Venant de Paris où ils vivent et travaillent la semaine, la voiture de Silvia et Christophe (@monjolivexin) est bien remplie et sillonne joyeuse- ment les petites routes du Vexin. À l’arrière Elsa, Andrea et Clara, et Maestro le lapin tranquille, vont retrouver leur maison chérie. Silvia, pétillante Italienne, et Christophe, mari et bricoleur hors pair, sont tombés amoureux de la région au déconfine- ment lors de balades en forêt. « J’aime les forêts ; les petits bourgs en pierre font chavirer mon cœur », raconte Silvia. Toute l’Italie – l’élégance, l’esprit de famille, une certaine joie – éclaire son regard.
Une vie au vert
« Nous cherchions près de Magny- en-Vexin, dans cette partie inscrite au patrimoine des bâtiments de France et au cœur du parc naturel. » Dix jours de visite, et puis, la découverte d’un corps de ferme au potentiel extraor- dinaire. La pierre beige rosée et la couleur pastel des volets du Vexin, la bâtisse dans son jus, une maison qui n’est pas trop rénovée et la possibilité de retrouver des éléments d’origine séduisent le couple. « Nous allions pouvoir retrouver les tommettes, les carreaux de ciment typiques du coin qui n’avaient pas subi les années 1980- 1990. » Quant au jardin, il est parfait, pas trop important à entretenir, et les rosiers anciens sont magnifiques. Les maisons du hameau en pierre du Vexin sont élégantes et le village
̈ Dans la maison, j’ai apporté des choses de ma famille italienne, c’est mon héritage, et puis nous avons chiné avec Christophe ; tout se mélange dans un esprit commun. ̈
pour faire quelques courses n’est pas loin. « Le projet est ambitieux, on se positionne vite, on signe ! » Et c’est parti pour des week-ends et des temps de vacances sous le signe des travaux et de la décoration. Les sens sont en éveil, l’œil aiguisé conçoit les plans les plus adéquats, les enfants jouent et dansent au rythme des marteaux et des outils. La maison revit !
La cucina
Au mois de novembre, les grandes manœuvres démarrent. Dans l’ancien corps de ferme qui constitue la maison, il y a la partie “rénovée” par les anciens propriétaires – une ancienne écurie – pour laquelle Silvia imagine toute la déco et la partie nouvelle où absolument tout reste à faire, y compris l’électricité. Au rez-de-chaussée, la structure des pièces reste intacte. Première étape dans le froid de l’hiver qui débute : la cuisine, un lieu sûr. Le système de chauffage est à refaire. Les propriétaires optent pour une grande cuisinière Klover en provenance d’Italie qui est aussi une chaudière à granulés,
à la fois esthétique et pratique car elle chauffe toute la maison. Une jolie porte, dans un esprit garde-manger, masque le ballon d’eau chaude, un tuyau de cuivre reste apparent et, sur le modèle des cuisines anciennes, un couvre-hotte est installé. Un comptoir en bois ancien va servir d’îlot ; on opte pour deux séries différentes de meubles de cuisine Ikea “campagne” qui créent un bon mix & match et un réfrigéra- teur bleu pastel qui rappelle la couleur des carreaux de faïence d’origine. Avec des portes-fenêtres trouvées dans une rue parisienne, Christophe réalise une verrière – dessinée par Silvia – qui vient se poser sur un ancien casier des postes de La Roche-Guyon et sépare l’entrée de la cuisine. Et puis, donnant sur le jardin, le petit coin repas composé d’une table bistrot en marbre et de chaises venant de la ferme de famille du Piémont accueille les plats de pâtes fraîches, les petits déjeuners, les devoirs des enfants ; comme une scène d’avant. Une pièce chaleureuse et essentielle où tout le monde se retrouve le temps des travaux.
Maison de famille
Au début de l’hiver, par un froid glacial, toutes les fenêtres de la maison sont remplacées. La porte d’entrée aussi est refaite sur mesure par un artisan de la région. Les volets et les huisseries sont peints dans un bleu légèrement pastel, typique du Vexin. Silvia utilise cette couleur dans la décoration de manière délicate et l’on retrouve cette fraîcheur du bleu par petites touches à l’intérieur. L’histoire de cette rénovation est un va-et-vient entre de grandes phrases de travaux intenses – des heures de ponçage, de restauration, de badigeonnage, de peinture, de construction – et de déco- ration d’intérieur – choisir les papiers peints, chiner le mobilier, ressortir un vieux meuble familial, retrouver au fond de la maison un casier et en faire un casserolier – sur fond de vie de famille.
choisir les papiers peints, chiner le mobilier, ressortir un vieux meuble familial, retrouver au fond de la maison un casier et en faire un casserolier – sur fond de vie de famille.
À l’étage, on gratte les murs recouverts de sept couches de papier peint, on découvre un monde insoupçonné, on finit par démolir les plafonds, les poutres anciennes apparaissent, le chantier s’intensifie,
les enfants courent partout. Silvia a dessiné tous les plans. « C’est un truc d’enfance : ma grand-mère, mes parents ont toujours restauré des bâtisses. Toute petite, je voulais devenir architecte. » Ainsi, dans la chambre des parents, elle imagine un mur arrondi qui adoucit les angles
et crée une petite pièce à part avec une grande commode de rangement. Silvia conçoit, Christophe réalise. S’il y a quelque chose d’italien dans cette histoire, c’est le sens du détail, une harmonie dans les tons, une esthétique délicate et raffinée. Jamais on ne tombe dans le cliché d’une maison de campagne ; c’est pourtant le charme des vieilles choses, l’amour du beau, associés à la modernité. C’est un brin décalé et simple à la fois. C’est leur maison.
