Intérieur : charmante longère du XIXe siècle dans le Médoc

Le souhait d’Audrey et Thierry ? Trouver une maison authentique avec une âme. Située dans un charmant village du Médoc, cette longère du XIXe siècle parfaitement préservée avait tout pour leur plaire. Le couple a su la faire revivre par une rénovation équilibrée entre respect du passé et modernité.

Par Amandine Berthon – Photographies : Julien Fernandez

« Nous voulions une maison avec une histoire et nous avons été gâtés ! », se réjouissent Audrey et Thierry, propriétaires de la maison d’hôtes La Nuit & Le Jour à Vertheuil, joli village au cœur du vignoble médocain. La maison, construite au XIXe siècle, est restée intacte avec ses meubles d’époque, tableaux et archives familiales. « En parcourant la maison, nous avions l’impression d’être dans un livre de Jules Verne ! Nous avons effectué un long travail de désencombrement mais avons conservé beaucoup de témoignages de la mémoire du lieu », explique le couple, arrivé dans le Médoc en 2019 après une dizaine d’années en Belgique.

Nouvelle vie

L’idée d’ouvrir une maison d’hôtes germe chez le graphiste et la chargée de production événementielle après un mois de vacances dans la région. « Nous n’avions plus envie de rentrer à Bruxelles ! Nous aimons le côté reculé et sauvage du Médoc avec ses paysages variés de vignes, de forêts et de plages. Mais c’est avant tout la rencontre avec la maison qui a déclenché le projet », se souvient Audrey. Pour le concrétiser, le couple s’investit à plein temps dans la restauration des 240 mètres carrés. « C’est notre première rénovation. Thierry pensait que nous en aurions pour quatre mois de travaux, moi dix. Finalement, nous aurons mis deux ans ! », s’en amuse aujourd’hui la jeune femme. Le couple délègue plomberie, électricité et gros œuvre mais gère le reste. Ce qui est le plus long ? Le travail de récupération de matériaux : déplacer des portes, réutiliser des carreaux de Gironde ou sortir des pierres de la maison pour faire un muret extérieur. « Piquer la façade pour mettre les pierres à nu a été très laborieux aussi. Nous avons cassé plusieurs marteaux-piqueurs. C’était Cayenne ! », se rappelle Thierry. Les principales modifications spatiales concernent la cuisine, agrandie et ouverte sur la nouvelle terrasse par une porte-fenêtre, et l’aménagement d’une salle de bains dans chaque chambre.

̈ En parcourant la maison, nous avions l’impression d’être dans un livre de Jules Verne ! Nous avons effectué un long travail de désencombrement mais avons conservé beaucoup de témoignages de la mémoire du lieu. ̈

Sublimer l’existant

Le but n’est alors pas de rendre la maison parfaite avec une rénovation aseptisée, mais plutôt de lui redonner ses lettres de noblesse en respectant son histoire. « La maison en pierre était certainement plus rustique à l’origine. Elle s’est embourgeoisée dans les années 1920 avec l’installation d’un vétérinaire dont nous avons accroché le portrait dans l’entrée. C’est de son époque que datent les carreaux de ciment, les moulures et les cheminées de marbre », précise Thierry.

Ces différentes périodes sont visibles à travers la variété des matériaux, nettoyés et conservés dans l’ensemble. Les sols alternent carreaux de Gironde bruts et parquets classiques. Les murs en pierre sont restaurés avec un enduit traditionnel à la chaux. Les autres, détapissés, sont laissés bruts afin de laisser la patine du temps émaner. Le bleu des corniches, des portes de la salle à manger et du salon est gardé dans un même esprit. « Ce bleu-gris a déterminé la décoration des pièces principales, du canapé en velours aux portes extérieures peintes en Inchyra Blue de Farrow & Ball », ajoutent les propriétaires.

L’ameublement se sert également de l’existant. Plusieurs meubles, luminaires et vaisselle présents dans la maison trouvent une nouvelle vie. D’autres sont chinés dans les brocantes des environs ou en ligne, comme les lavabos années 1930 et le mobilier fifties de la salle à manger. Des pièces de designers contemporains s’invitent par touches pour contrebalancer l’ensemble. Le salon illustre cet équilibre entre passé et présent : la suspension Vapeur d’Inga Sempé et le fauteuil Facett de Ronan et Erwan Bouroullec cohabi- tent avec une commode classique.

« Notre appartement à Bruxelles avait un style loft contemporain, explique le couple qui projette de se lancer dans la décoration d’intérieur. Ici, nous n’avions pas d’idées préconçues. Nous nous sommes laissés porter par l’architecture et l’histoire du lieu ! » À l’image du nom de la maison, baptisée La Nuit & Le Jour, en clin d’œil à la suspension allégorique de l’entrée.

lanuitetlejour.fr

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Sélection à retrouver dans le HOME Magazine n°111 (mai-juin 2024), disponible en kiosque
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