Intérieur : dans la cuisine de The Social Food

Le temps de concocter trois recettes avec leur fils Milo, Shirley Garrier et Mathieu Zouhairi, les deux créateurs du studio artistique et culinaire The Social Food, nous ont ouvert les portes de leur cuisine parisienne, un lieu de vie rempli d’ustensiles dénichés au bout du monde, de saveurs et de souvenirs. En images et en quelques mots, rencontre avec un trio pour qui le goût est une histoire de famille.

Par Marie Mersier - Photographies : The Social Food

Rencontre avec Shirley Garrier de The Social Food

Shirley, peux-tu nous parler de votre rencontre avec Mathieu et de la naissance de The Social Food ?
Nous sommes tous les deux originaires de Perpignan et l’on se connaît depuis que l’on a 14 ans. D’abord nous étions meilleurs amis, puis amoureux, et on est venus ensemble à Paris pour nos études. La nuit, on travaillait comme barmans et nos tips nous permettaient d’aller au resto ou de partir en voyage. C’est ainsi que la photo est arrivée dans nos vies, pour immortaliser ces moments-là. Nous sommes complètement autodidactes ; notre style photographique s’est affiné au fur et à mesure. Vers 2018, c’était le début du community management ; on a donc commencé à faire des photos pour des amis restaurateurs afin de mettre en valeur leur univers sur les réseaux, et on a eu de plus en plus de demandes. Lors du confinement, je suis revenue à ma première passion : cuisiner. Tous les jours, avec ce qui restait dans les placards, j’imaginais une nouvelle recette que je publiais sur notre compte Instagram, un peu comme un journal photographique. C’est ainsi que The Social Food est devenu un studio artistique culinaire avec lequel nous créons à la fois des photos, de la vidéo, du consulting pour des restaurants ou des recettes que nous partageons sur @thesocialfood.

C’est comment, de travailler en duo ?

Nous avons la même vision, mais chacun a ses préférences. On alterne donc les années afin de répartir au mieux. Par exemple, en 2024, c’était mon année. On a axé notre travail sur la partie digitale, les voyages et la création de recettes ou de livres, notamment pour les éditions Rizzoli : on a réalisé les photos d’un livre dédié à la maison de champagne Krug qui nous a emmenés à la rencontre de dix chefs étoilés à travers le monde. On a également un projet de livre sur les pâtes, allant des nouilles instantanées aux udon. En 2025, c’est l’année de Mathieu ; on va davantage travailler sur des concepts de restauration.

cuisine de The Social Food

Imaginer des recettes, les photo- graphier, découvrir et partager les saveurs du monde entier lors de vos voyages : la cuisine est au cœur de votre vie. Est-ce que c’était le cas dans vos familles respectives ?

Oui ! J’ai des origines vietnamiennes du côté de ma mère et mon père est italien et catalan, et ces deux cultures sont très présentes dans ma vie à travers la nourriture. J’ai toujours cuisiné et j’en garde des souvenirs marquants, comme lorsque ma mère préparait 1 500 nems pendant deux jours à l’occasion de Noël, que ma grand-mère cuisinait sa paella ou que l’on allait chercher des oursins en mer Méditerranée, sur la côte espag- nole. Ma plus grande passion, ce sont d’ailleurs les fruits de mer : je fais tout le temps des recettes de crudo (entre le carpaccio et le ceviche) que je change en fonction des saisons. Mathieu, lui, est d’origine marocaine et andalouse ; il a également un lien fort à la cuisine et aux recettes familiales. Et puis, on a grandi dans le Sud : le Languedoc-Roussillon est une région avec des produits merveilleux.

cuisine de The Social Food
cuisine de The Social Food

À propos de transmission, vous avez également créé The Social Kids Studio ; peux-tu nous expliquer ce projet ?

The Social Kids Studio est comme un satellite de The Social Food sur la transmission de la cuisine en général et l’ouverture sur le monde. Au fil de ce compte Instagram, nous partageons des inspirations de recettes pour les enfants et nos expériences de voyages et de cuisine avec notre fils Milo qui a 3 ans.  Lors de la première année de Milo, nous sommes partis loin et longtemps : j’ai ainsi pu documenter pas mal d’astuces pour voyager avec de jeunes enfants ou mener la DME (diversification menée par l’enfant) à l’étranger.

cuisine de The Social Food
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Milo a donc déjà goûté plein de cuisines différentes ?
Oui, c’est sûr, tous les voyages que l’on fait avec lui éveillent ses goûts… Naturel- lement, il a déjà expérimenté pas mal de saveurs ou de plats épicés, mais toujours en cohérence avec ce qu’un enfant de son âge peut manger. En ce moment, on est dans la période où il a de petites fixations sur certains plats, et là, il ne jure que par les coquillettes au jambon.

Quel est le voyage qui vous a le plus marqués ?
Le Japon. Nous y sommes allés la première fois en 2016, et depuis, on y retourne au moins une fois par an. C’est un pays qui ne cesse de nous inspirer, où les scènes les plus banales du quotidien nous touchent autant Mathieu et moi. Un rayon de soleil qui se pose sur un carton rempli de poissons peut vraiment avoir un effet “wahou” sur nous. Que cela soit dans notre vie quotidienne ou dans notre travail photographique qui se concentre essentiellement sur les assiettes, on aime le minimalisme. Cela vient de nos voyages au Japon et de l’esthétique que l’on y observe. Chez nous, c’est pareil, notre déco est ultra-minimaliste ; en revanche, dans la cuisine, c’est hyper-maximaliste. Il y a une montagne de produits, de vaisselle et d’ustensiles (comme les râpes ou les passoires, les passions de Mathieu). Que ça soit un presse-agrumes de Tahiti ou un coupe-puntarelle déniché sur un marché à Rome, on aime collectionner les accessoires de cuisine dédiés à un geste précis.

cuisine de The Social Food
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Que trouve-t-on dans votre frigo ?

On adore la charcuterie et les abats, donc dans notre frigo il y a toujours des pieds de porc à la vinaigrette ou de la salade de museau que j’achète au marché de Bastille. Il y a également du yuzu kocho, une pâte de piment avec du sel et du miso que l’on trouve à l’épicerie japonaise Irasshai ou chez Kioko et des bouteilles de Matshi, la sauce piquante que nous avons créée et dont je dessine toutes les étiquettes.

cuisine de The Social Food
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Et pour finir, quels sont vos restos préférés à Paris ?
Des institutions comme Lao Siam à Belleville ou le phó de Song Heng, rue Volta. Sinon, on adore Royal China pour les raviolis ou Kunitoraya pour le bol de nouilles udon. Et tous les matins, on commence la journée avec le tamago sando (sandwich japonais aux œufs) du coffee shop Dreamin Man.

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Chaise haute évolutive, Nobodinoz
cuisine de The Social Food
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