Intérieur : le cocon scandinave d’Audrey Jeanne en Normandie

Sensible aux beaux objets dont elle aime s’entourer, la photographe et styliste Audrey Jeanne (@byaudreyjeanne) cultive un art de vivre tourné vers la douceur et la simplicité en Normandie. Avec son mari Marc, elle a transformé un grand appartement des années 1950 en agréable cocon scandinave. Un intérieur épuré et lumineux, où le blanc et le bois s’entrelacent avec délicatesse.

Par Pauline Louis – Photographies : Audrey Jeanne

Esthétique de la simplicité

Un écrin blanc et apaisant, une décoration faite d’objets choisis avec soin, savant mélange de minimalisme, de design et d’esprit wabi-sabi… On se croirait au Danemark ou en Finlande, et pourtant, c’est en Normandie qu’Audrey Jeanne nous ouvre les portes de son univers. Au cœur de Caen, sa ville natale, elle s’est créé un cocon inspiré des pays nordiques qu’elle aime tant, à deux pas d’un environnement naturel exceptionnel. « Notre appartement a l’énorme avantage de se situer en plein centre-ville, avec une vue imprenable sur La Prairie, un espace vert de 60 hectares. Nous avons tout à proximité, et en même temps l’impression de vivre connectés à la nature. Les gens viennent courir ou se balader au bord de l’Orne, les enfants jouent au ballon… C’est notre immense jardin ! », sourit Audrey. Lorsque le couple visite cet appartement en 2010, c’est le coup de cœur. « Moulures, parquet massif, belle hauteur sous plafond, grandes ouvertures, lumière traversante… Quand on l’a vu, on a tout de suite su que c’était là. » Mais il y a beaucoup à faire pour transformer l’espace d’environ 130 mètres carrés en havre de paix immaculé. Du sol au plafond en passant par les murs (anciennement) saumon et l’électricité, le couple se lance dans plusieurs mois de travaux en conservant les volumes tels quels. « L’idée, c’était d’aller à la simplicité en misant sur des basiques dont on n’allait pas se lasser : du blanc et du bois », confirme la jeune femme.

̈ J’interroge souvent la place des objets dans la maison, je trouve qu’il est beaucoup plus agréable de vivre dans un environnement aéré. ̈

« L’idée, c’était d’aller à la simplicité en misant sur des basiques dont on n’allait pas se lasser. »

Minimalisme heureux

Spacieux, l’appartement s’articule autour d’un couloir qui dessert les différentes pièces, comme c’était souvent le cas dans les logements d’après-guerre. L’entrée s’ouvre sur la pièce de vie, baignée de lumière. Le blanc y dévoile son charme enveloppant, réchauffé par le parquet en bois massif. Un peu partout, Audrey a disposé des sources de lumière indirecte pour une ambiance encore plus cosy. « Je ne suis pas très fan de l’éclairage zénithal alors je joue avec les lampes à poser, au sol ou sur les meubles », souligne-t-elle. Côté salon, un généreux canapé a remplacé une banquette scandinave très jolie mais peu confortable. « J’aime m’y prélasser, passer du temps à bouquiner. Je n’ai plus envie de faire l’impasse sur le confort. Seul, le critère esthétique ne suffit pas pour moi. Je ne garde que des choses que j’apprécie vraiment et que j’ai plaisir à utiliser. » Au fil des années, Audrey prend également soin de désencombrer l’espace au maximum. « Je ne me sens pas minimaliste au sens premier du terme, c’est plutôt un chemin. J’interroge souvent la place des objets dans la maison, je trouve qu’il est beaucoup plus agréable de vivre dans un environnement aéré. Je le fais pour mon bien-être personnel, mais aussi parce que cela répond à une prise de conscience écologique », explique-t-elle.

Le beau, partout, tout le temps

À l’extrémité de l’appartement se trouve le bureau d’Audrey, une pièce d’angle ultra-lumineuse avec deux fenêtres, où elle exerce ses différentes activités. Un grand linéaire de meubles de rangement lui permet de stocker les pépites vintage ou artisanales de son e-shop de décoration. Illustratrice, styliste et photographe, Audrey a fondé son studio de création à l’issue de ses études en arts plastiques, avant de lancer l’e-shop Maisonnette en 2020 par amour des beaux objets. « C’était devenu évident pour moi de valoriser une consommation plus responsable à travers une sélection désirable essentiellement issue de la seconde main. Maisonnette, c’est la maison idéale telle que je la conçois : un lieu pour cultiver une vie simple en harmonie avec la nature et les saisons, pour vivre mieux avec moins, pour prendre le temps, pour s’entourer d’objets essentiels qui sèment la beauté et apportent la joie », partage-t-elle. Cette aventure professionnelle passionnante soulève néanmoins des questionnements récents. « Je chine tout moi-même et je me suis rendu compte que je trouvais de plus en plus pesant d’être confrontée à l’accumulation dans les brocantes ou d’être entourée de tous ces objets en transit dans mon bureau. Et puis c’est compliqué de développer une activité comme celle-ci sans avoir de lieu de stockage adapté. Donc je réfléchis, la boutique est toujours ouverte mais j’ai l’impression d’avoir atteint ma limite. J’aimerais travailler davantage le set design et la photo ! », observe Audrey. Avec le même sens du détail, elle prend plaisir à composer des scénographies sur les différentes étagères de son intérieur. « Je m’amuse à poser des objets que j’aime. L’esthétique des choses est au cœur de mon travail et de ma vie quotidienne. »

Bien-être chez soi

Véritable invitation au voyage en Scandinavie, l’intérieur d’Audrey se distingue par son atmosphère reposante. Dans la chambre, la décoration dégage la même simplicité réconfortante, entre teintes naturelles et confort douillet. Partout, le mobilier et les accessoires ont été soigneusement sélectionnés pour leur esthétique intemporelle. La cuisine a été entièrement repensée l’année dernière dans cet esprit durable. Assez sombre au départ, la pièce a gagné en lumière grâce à l’éclat du blanc décliné sur le linéaire et sur le carrelage qui apporte aussi du relief. « J’avais peint un mur de couleur dans la cuisine à notre arrivée et je m’en suis vite lassée. Ce qu’il me faut, c’est du blanc ! J’ai flashé sur une cuisine de chez Reform il y a cinq ans, nous sommes même allés dans leur showroom lors d’un séjour à Copenhague pour la voir en vrai. Après toutes ces années, elle me plaît toujours autant », se félicite Audrey. Pour elle, le voyage représente une vraie source d’inspiration. Les destinations nordiques font partie de ses favorites : Anvers, Amsterdam, Copenhague, Helsinki, Stockholm… « J’aime le voyage en lui-même, mais j’aime aussi qu’il vienne enrichir mon quotidien après. Les objets ramenés en souvenir racontent notre histoire et amènent une émotion. » Avec la même envie de bien- être chez soi, Audrey savoure la beauté des moments simples. « J’ai un rituel sacré auquel je ne déroge jamais : l’heure du thé. Toute l’année mais encore plus en hiver, j’allume une bougie sur le coup de 17 heures, je me fais un thé bien chaud, je m’installe sur mon canapé sous un plaid et je feuillette un magazine inspirant. » Un tea time hérité du goûter de son enfance et irrésistiblement inspiré de l’art de vivre scandinave. « Je crois que je suis finlandaise au fond de moi ! », plaisante la jeune femme.

_______

Article à retrouver dans le HOME Magazine n°109 (janvier-février 2024), disponible en kiosque
Découvrez le sommaire du numéro !

S’abonner à Home Magazine (papier+numérique)

Acheter le numéro