« L’esprit cherche et c’est le cœur qui trouve. » L’adage de George Sand peut bien résonner. Il y a Hélène Maury, John et Lou, et la maison baignée de lumière sur les hauteurs de Figeac, une vue plongeante sur les collines et le coucher de soleil, les vaches de Dédé dans le champ derrière et les chèvres de la micro-ferme voisine, le chemin de Compostelle qui passe juste là. « Ce qui m’inspire avant tout, c’est de vivre proche de la nature, j’aime l’idée d’être en lien avec les saisons, les plantes sauvages endémiques, faire de la cueillette. » Après la naissance de Lou, Hélène a eu envie de changer. Il fallait prendre la vague. « J’ai cherché mentalement pendant un an ce que je pouvais faire, j’ai fait une pause pendant l’été et en lâchant prise, j’ai trouvé la céramique. » L’idée ne la quitte plus. C’est un projet secret, personne n’est au courant, et ça lui donne une énergie folle. Avec le potier du village, Gavin Bell, Hélène apprend le tour. En 2020, elle installe son atelier en dessous de la maison avec vue sur le jardin et ne va plus lâcher la terre. « C’est mon lieu-source, ma place-médecine, mon repaire, l’endroit où j’explore, j’expérimente, je passe par toutes les étapes de la terre, de l’eau, de l’air et du feu, le temps s’étire… » Hélène fabrique en petites quantités, façonne de manière libre selon les pratiques ancestrales du modelage, se nourrit de simplicité, de matériaux bruts, de la beauté de l’imperfection, de la nature sauvage qui l’entoure, conçoit ses propres émaux, utilise des ingrédients simples et respectueux de l’environnement, travaille avec du grès, de la cendre. Ainsi, ni bleu de cobalt ni vert de chrome, mais des teintes minérales et naturelles. La céramique est douce, les pièces remontent à la maison en passant par le jardin. Un vase boule, des assiettes creuses, des mugs, faits pour trois fleurs coupées, un bouillon thaïlandais, un bon café. Les choses s’enchaînent naturellement. Lors de son premier marché dans la ferme bio de copains paysans, toutes les pièces de céramique sont vendues. Aurélie Lecuyer, dont Hélène admire beaucoup le travail de photographe, passe la première une commande sur le site. « J’étais remplie de joie et stressée à la fois ! » Avec la cheffe franco-australienne Jennifer Hart-Smith, elles échangent leurs savoir-faire et organisent un atelier lactofermentation et plantes sauvages durant l’été. Hélène crée pour son e-shop des plats à gâteau vapeur et des pièces pour la boutique Provisions Marseille. La petite potière du Lot prend son envol.
Le jardin
Et puis il y a le jardin de John, et Lou, le petit garçon qui navigue entre les butternuts et la brouette, et allume le feu. Au premier jour du premier confinement, John est allé acheter un paquet de graines et a planté un maximum de légumes, s’est plongé dans les pensées de Damien Dekarz sur la permaculture agroécologique et la « forêt comestible » de Martin Crawford. Il crée chaque zone de culture et découvre un univers sans fin, d’apprentissage et de recherche. « Je me levais même la nuit pour voir comment les plantes se comportaient », raconte-t-il. John œuvre pour un potager simple, d’avant l’industrialisation, un peu comme un jardin de curé. Fin cuisinier, il n’utilise plus que les légumes du jardin. Mention spéciale pour le bouillon thaïlandais, à damner tous les saints du paradis ! Enfin, il s’échappe au fond des bois, dans une cabane retapée, pour exercer son métier de tatoueur, tandis que Lou dans son propre petit carré potager fait pousser les plus belles salades de la saison. Dans la famille, l’union fait la force !
La maison
Elle est à l’image de la céramique épurée et simple. « Quand j’arrive dans un lieu, j’aime voir ce que je peux “arranger”. J’ai repeint tout l’espace en blanc. Sous l’ancien cantou (une ancienne cheminée), nous avons aménagé un coin pour la cuisine, enlevé le lino et poncé le parquet, peint un mur ou deux dans un vert profond », raconte Hélène. L’ancienne cave est transformée en atelier avec un bardage en volige de peuplier pour les murs, une double porte vitrée remplace la vieille porte de grange, la lumière du soleil couchant pénètre par la petite fenêtre agrandie et tombe parfois pile sur la boule à facettes. « Dans la maison, je ne suis pas du genre à changer la déco tous les quatre matins, mais j’aime être entourée d’objets que je trouve beaux. Nous avons beaucoup de pièces chinées ou de récup, Secours Populaire, Emmaüs… » Et Hélène d’ajouter : « J’aime plutôt enlever qu’ajouter. » Une philosophie de vie engagée, inspirante et sensible. Et sans doute parce que l’engagement est une question d’éducation, Hélène a cofondé l’École d’aujourd’hui, une école alternative et forest school à Fons, où Lou suit sa scolarité. Endless creativity.
¨ J’aime utiliser des cendres pour créer certains émaux. J’aime l’idée de récupérer un “déchet” pour en faire quelque chose de beau. ¨