Artisanat : Zahra Holm et ses peintures solaires abstraites

Explorer de manière vibrante et poétique le thème du corps en mouvement dans l’espace… Sous son pinceau, l’artiste peintre Zahra Holm révèle une féminité tout en courbes et en couleurs. Dans ses ateliers de Paris et Stockholm, l’ex-scénographe et conceptrice de décor fait naître sa vision solaire du girl power. Une ode à la femme, lumineuse et pleine d’espoir. Rencontre.

Par Mélanie Vassart – Photographies : Cécile Larher

Comment en êtes-vous venue à la peinture ?

C’est une histoire qui a commencé il y a très longtemps car je dessine et je peins depuis toute petite. Comme beaucoup d’enfants, c’est comme ça que j’ai commencé à m’exprimer. J’ai grandi entre la Tunisie et la Suède, et je n’avais pas vraiment accès à l’art. J’ai dessiné et bouquiné dans mon coin pendant des années, en parcourant les quelques livres d’art que possédait ma mère. Après des études en scénographie et en conception de décors, je suis revenue à mes premiers amours.

Un souvenir de votre premier contact avec cet art ?

J’ai la sensation que cela a toujours fait partie de moi. Quand les enfants autour de moi se sont lassé du dessin et de la peinture, j’ai de mon côté continué et évolué. C’est là que j’ai compris que j’avais une réelle passion pour cet art. Je ne me voyais pas faire autre chose, sans avoir pourtant eu un déclic précis.

Qu’est-ce que la peinture vous procure comme sentiment ?

La peinture fait tellement partie de mon quotidien ; elle me suit dans toutes mes émotions. Il est très rare que je passe une journée sans un pinceau à la main, sans crayonner quelque chose ou réfléchir à une prochaine peinture. C’est presque thérapeutique, c’est mon moyen de me sentir bien, de me laisser aller et d’être moi-même. Mais cela dépend aussi beaucoup de mon humeur. J’ai du mal à créer lorsque cela ne va pas, j’ai besoin de me sentir dans un environnement et un état d’esprit plutôt sereins. Je suis avant tout quelqu’un de très positif, et je pense que cela se ressent dans mes œuvres.

Fascinée par le corps humain, et notamment le corps des femmes, Zahra manipule les courbes, tel un hommage à la féminité.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Je vais toujours revenir d’une balade en pleine nature enrichie ; mais cela peut aussi venir de l’architecture, d’un film vu au cinéma, d’un plat que j’ai mangé. Je suis attirée par les couleurs et les textures. Dans un même trajet quotidien, je vais voir chaque jour des choses différentes, qui peuvent m’émerveiller et m’inspirer. J’archive d’ailleurs beaucoup en photo rien que pour la beauté du souvenir.

Quel est votre processus créatif ?

Mon processus de peinture est assez instinctif et spontané. Quand je commence une nouvelle œuvre, je crayonne d’abord un croquis très rapide à main levée dans un carnet suggérant l’intention de composition et de lignes. Puis je me lance sur la toile, et c’est là que la couleur entre en jeu. Je ne sais jamais à l’avance celles que je vais choisir ; je me laisse complètement guider par mon monde, mon humeur et mes sentiments du moment. C’est mon inconscient qui me parle plutôt que mon esprit lors de cette étape. Ensuite, je vais assez vite. Cela me prend quelques jours pour finaliser une œuvre, puis lorsque j’ai fini je ne reviens jamais dessus car elle est le témoin de ce que j’étais à ce moment-là. Les émotions prennent place et laissent leur trace, puis je me détache.

Vous travaillez beaucoup en série ?

J’aime travailler en série car cela me permet d’approfondir le sujet. Les œuvres ont quelque chose en commun sans forcément avoir de lien. C’est surtout le sujet qui va les rassembler. J’ai longtemps travaillé sur une série qui s’intitule Metamorphosis et qui parle du changement du corps et de l’évolution de l’âme. Les œuvres sont très lumineuses et dévoilent un joli message d’espoir.

Pouvez-vous nous parler de votre utilisation des formes organiques et d’une palette très solaire ?

C’est une façon de m’exprimer que j’ai depuis mes débuts. D’abord, je pense que ça part d’un sentiment très stylistique et esthétique. Pour moi, tout ce qui est en courbes a plus de sens, est lié à la nature, au corps et à tout ce qui nous entoure. Quant aux couleurs, ce n’est pas calculé. Ce sont des teintes qui évoquent le positif et qui me correspondent. Ce sont elles qui viennent à moi quand je veux me sentir le mieux possible. J’ai d’ailleurs remarqué que j’allais encore plus vers cette palette-là en hiver quand nous manquons de luminosité et de beau temps.

Quel matériel utilisez-vous ?

Depuis que j’en fais mon métier, la peinture à l’huile est devenue ma technique de prédilection. J’ai évidemment testé beaucoup de choses, et je le fais encore, mais c’est dans la texture de l’huile que je me retrouve car elle me permet de travailler en couches, en transparence.

Après des années d’expérimentation, j’ai apprivoisé la peinture à l’huile à ma façon afin qu’elle sèche rapidement pour répondre à mon processus créatif très spontané, et conserver ainsi cette sensation très soyeuse et très souple que l’on ne retrouve pas forcément avec l’acrylique.

Comment définiriez-vous votre travail en quelques mots ?

L’évolution de l’âme et du corps humain dans le mouvement et la couleur.

@zahraholm

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Sélection à retrouver dans le HOME Magazine n°112 (juillet-août 2024), disponible en kiosque
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