Artisanat : 6 marques qui subliment la laine dans la déco

Déclinable sous mille et une façons, la laine se porte et habille nos maisons – de jeunes artisans travaillent notamment ce matériau ancestral pour en faire de magnifiques objets de décoration. Voici 6 marques spécialistes de la laine dans la déco.

Par Mélanie Vassart - photo : Studio Rebel

Dans l’intimité des ateliers, en cette saison où le froid appelle au réconfort, les mains habiles d’artisanes transforment la laine en créations chaleureuses et poétiques. Cette matière douce et vivante se métamorphose en œuvres uniques, à mi-chemin entre tradition et modernité. Tricotée, feutrée, tissée ou filée, la laine révèle toute sa richesse : des textures généreuses qui réchauffent, des teintes naturelles qui apaisent, le tout grâce à des pièces qui célèbrent la simplicité et la durabilité.

6 marques déco artisanales, spécialistes de la laine

1/ Ana Grajales : Poésie de la vie

Qui se cache derrière ce nom ? Ana Grajales, artiste textile et designer industrielle basée à Palma de Majorque.
Quelles sont ses sources d’inspiration ? Inspirée par la simplicité, l’immensité de la nature et la quiétude du silence, Ana savoure la douceur de vivre. Elle capture la beauté qui l’entoure, les subtilités de la vie, qu’elle transforme à travers ses créations en un voyage de la mémoire.
Quel est son processus créatif ? C’est un processus profond et introspectif. « Il s’agit de ressentir, de réfléchir, d’aller en profondeur pour ensuite être capable de le faire ressortir à travers ce que je crée. Je nourris mes processus en donnant vie à la vie, en tissant des histoires qui se transforment en couleurs, en formes, en textures. Je fusionne mes deux identités, mes racines uruguayennes avec la Méditerranée, en explorant de nouvelles langues, de nouveaux récits. Je tisse la poésie de la vie. »

Quel sentiment fait naître chez elle le travail de la laine ? Pour elle, le tissage est comme une méditation. Elle crée lentement, en tissant des pièces sur un métier à tisser, redéfinissant un artisanat ancestral avec sa propre vision.
De quelle façon l’impact écologique de ses pièces influence-t-il son travail ? En tant que designer industrielle et artiste textile, cet aspect est très important pour elle et a toujours été au cœur de son travail ; c’est pourquoi elle n’utilise que des laines naturelles. Il s’agit d’une ressource renouvelable, qui peut être compostée – ce qui minimise son impact.
Son premier souvenir marquant au contact de cette matière ? Plutôt qu’un souvenir marquant, ce sont les rencontres incroyables et la découverte de nouveaux univers que lui a permis le travail de cette matière, qui l’aide à construire chaque jour son propre univers expérientiel.

2/ Sundance Studio : Artiste sensible

Qui se cache derrière ce nom ? Emma Shepherd, tisserande basée à Flinders en Australie.
Quelles sont ses sources d’inspiration ? Emma vit dans une
ferme et passe beaucoup de temps à marcher tout en observant
les formes, les textures et les compositions qui l’entourent. 105 Elle possède également une grande collection de livres sur l’architecture et le tissage du monde entier, et est très attirée par les tisserands du Bauhaus et l’héritage qu’ils ont laissé.
Quel est son processus créatif ? Après avoir passé du temps à réfléchir et à planifier, le processus de mise en route devient assez pratique – habiller le métier à tisser et choisir le fil. Emma explore également des méthodes de tissage hors métier à tisser et des idées plus sculpturales avec des matériaux tels que la roche et le métal, qui l’inspirent en ce moment.

Quel sentiment fait naître chez elle le travail de la laine ? « J’aime la tactilité et la répétition de l’artisanat, et je suis toujours émue par sa richesse et son incroyable étendue. »
De quelle façon l’impact écologique de ses pièces influence- t-il son travail ? Emma juge qu’elle produit en tant qu’artisane des objets qui ne sont pas vraiment nécessaires, ni fonctionnels. En gardant cela à l’esprit, elle fait de son mieux pour créer des œuvres utilisant des matériaux organiques qui finiront par se biodégrader tout en produisant le moins de déchets possible.

sundancestudio.shop
@_sundance_studio_

3/ Studio Rebel : Calme et sérénité

Qui se cache derrière ce nom ? Sylwia Rebelo, artiste brodeuse à Toronto au Canada.
Quelles sont ses sources d’inspiration ?
Elle se laisse influencer par la beauté tranquille du quotidien : les motifs, les textures et les formes subtiles qu’elle absorbe tout au long de la journée.
Quel est son processus créatif ? Chaque pièce commence par des croquis intuitifs de formes et de textures qui peuvent transmettre le calme. Lorsqu’elle travaille, Sylwia est absorbée par le mouvement rythmique de l’aiguille, sentant le fil se déplacer dans le tissu, point par point. Cette répétition l’entraîne dans un état de conscience, lui permettant de laisser tomber les distractions et d’être pleinement présente à l’œuvre qui se trouve devant elle.
Quel sentiment fait naître chez elle le travail de la laine ? Le tissage et le travail des fibres ont une signification incroyable à ses yeux. « J’ai un profond respect pour les matériaux et le temps nécessaire à cet artisanat. Il existe une relation unique entre la main, le fil et le tissu. »

Ce processus intime et lent exige de la patience et de l’intention. Il ne s’agit pas seulement de créer quelque chose d’attrayant sur le plan visuel, mais aussi d’honorer le matériau et le processus, et d’insuffler à chaque pièce un sentiment de bien-être qui peut trouver un écho chez les autres.
De quelle façon l’impact écologique de ses pièces influence-t- il son travail ? Elle s’efforce de conserver des matériaux simples et naturels, en utilisant des châssis en bois et de la toile de moine en coton. Le seul autre matériau utilisé est le fil, qu’elle sélectionne en accord avec ses valeurs, et est en recherche de fournisseurs locaux afin de réduire au maximum le coût environnemental.
Son premier souvenir marquant au contact de cette matière ? « Je me souviens très bien du moment où le tissage avec du fil a pris tout son sens pour moi. Ce n’est que lorsque je suis devenue mère que j’ai eu l’impression de découvrir une nouvelle partie de moi-même avec ce matériau. Alors que je changeais profondément, le tissage est devenu une pratique de base qui s’est transformée en une partie de mon identité. »

rebelstudio.ca
@studio__rebel

4/ Halona : Wabi-sabi

Qui se cache derrière ce nom ? Babette Leertouwer, artiste textile à Soest, aux Pays-Bas. Son atelier est situé dans l’ancienne étable d’une ferme historique.
Quelles sont ses sources d’inspiration ? La nature est sa plus grande source d’inspiration. Babette aime la simplicité et la beauté des textures et des couleurs naturelles, ainsi que le rythme des saisons. Elle nourrit également son imagination dans l’artisanat traditionnel.
Quel est son processus créatif ? Cela commence par la tonte. Elle ramasse ensuite la laine et conserve les parties qu’elle pense pouvoir utiliser. Une fois dans son atelier, elle réalise ses compositions avant de passer au feutrage. Après cette étape, lorsque la laine est sèche, il ne reste qu’à la couper pour qu’elle soit plus équilibrée.

Quel sentiment fait naître chez elle le travail de la laine ? En travaillant la laine de ses mains, Babette se sent connectée aux métiers d’antan et aux gens qui étaient là avant elle.
De quelle façon l’impact écologique de ses pièces influence-t- il son travail ? « Je n’ai besoin que d’eau et de savon, c’est tout. Pas de machines ni d’électricité. Dans mes créations, on trouve aussi de la paille ou des morceaux de bois ; j’aime qu’ils y restent pour que les gens réfléchissent à ce qu’est vraiment la saleté. Saviez-vous que les moutons transportaient des graines d’un endroit à l’autre dans leur laine et que cela contribuait à davantage de diversité ? »
Son premier souvenir marquant au contact de cette matière ? Elle n’en a pas vraiment mais apprécie sincèrement le bonheur des gens qui participent à ses ateliers lorsqu’ils travaillent la matière dans leurs mains.

halona.nl
@halona_babette_leertouwer

5/ A. Vetra : Nature imparfaite

Qui se cache derrière ce nom ? Giulia Ferraris, designer textile à Vicenza, sa ville natale, en Italie.
Quelles sont ses sources d’inspiration ? A. Vetra reflète sa curiosité et sa passion pour les textures et les matériaux, ainsi qu’une fascination pour le passé et l’artisanat, qu’elle s’efforce d’associer à des visions modernes et à de nouvelles approches esthétiques. Poussée par le désir d’approfondir son lien avec la nature et le paysage local et de découvrir des teintes uniques et authentiques, Giulia a commencé à explorer la teinture naturelle, en créant des archives de teintures botaniques servant de base aux expérimentations en cours et à venir.
Quel est son processus créatif ? D’un côté, il y a toujours une histoire – celle d’une terre, d’une ressource naturelle, de coutumes et de traditions. De l’autre, il y a un profond savoir-faire et une habileté artisanale. Au sein d’A. Vetra, Giualia imagine les histoires, effectue des recherches, conçoit le produit et coordonne les différents partenaires qui contribuent à donner vie à chaque pièce. Tous les textiles sont fabriqués en collaboration avec une usine de tissage utilisant des métiers à bras anciens datant de 1850.

Quel sentiment fait naître chez elle le travail de la laine ?
« Je suis profondément attirée par le tissage, bien que je ne sois pas encore tisserande moi-même. C’est pour moi un acte de compréhension et de connexion avec notre passé, un retour conscient à l’essentiel, à quelque chose d’authentique que la modernité a laissé derrière elle. La patience requise pour les gestes lents du tissage m’amène à un rythme plus calme, presque suspendu. C’est une pratique dans laquelle j’ai hâte de me plonger à l’avenir. »
De quelle façon l’impact écologique de ses pièces influence-t-il son travail ? Dans un monde qui évolue rapidement et avec insouciance, où les ressources sont utilisées de manière abusive et où l’humanité a oublié comment respecter la Terre, Giulia souhaite montrer que d’autres voies sont possibles, des voies en harmonie avec la nature, plus attentives et plus humaines. Son premier souvenir marquant au contact de cette matière ? Le toucher et l’odeur de la laine la renvoient à quelque chose de primitif et de nostalgique.

ateliervetra.com
@ateliervetra

6/ Florence Wuillai : Quête lainière

Qui se cache derrière ce nom ? Florence Wuillai, designer textile et artiste à Vannes, dans le Morbihan.
Quelles sont ses sources d’inspiration ? Florence aime se ressourcer dans un petit village de Corse d’où est originaire sa famille. Elle y admire les paysages rocheux, les points de vue somptueux et les incroyables lumières. « Être dehors et sentir ces paysages aussi visuellement qu’olfactivement est un rendez-vous annuel que je ne loupe pour rien au monde. »
Quel est son processus créatif ? Florence a un processus quasiment similaire à chaque projet. Ce qu’elle cherche à transmettre, c’est avant tout les origines de cette matière et donc le travail des éleveurs et des bergers. Les tapis qu’elle crée avec leur laine leur rendent hommage, en transposant les plans de leur pâturage ou leur chemin de transhumance dans ses créations.

En termes de matérialité, cela va être de trouver des façons de travailler le feutre de laine, cette matière que l’on obtient en amalgamant les fibres par humidité et frottement. « Je ne la travaille presque plus de manière artisanale pour la sortir de son étiquette un peu rustique. En mixant les techniques, maille, tissage ou les deux, j’obtiens ainsi des effets de matière et de texture. »
Quel sentiment fait naître chez elle le travail de la laine ?
« De l’extase. Je suis impressionnée par les capacités de métamorphose de cette matière. C’est toujours une surprise, et c’est ce qui fait que je ne m’en lasse pas. »
De quelle façon l’impact écologique de ses pièces influence-t-il son travail ? Outre l’aspect local et l’utilisation de matière naturelle, Florence réalise également très peu de pièces par an. Ces pièces, qui ont toujours une utilité, sont soit des commandes, soit des objets créés pour montrer de nouveaux projets.
Son premier souvenir marquant au contact de cette matière ? La première fois où elle a assisté à une tonte. Prendre cette toison dans les mains, toute chaude, toute grasse, toute douce, est un souvenir qui l’a profondément marquée.

florencewuillai.fr
@florencewuillai

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