Au cours de l’été, le studio mo-mo a inauguré la résidence 001 composée de douze femmes designers et artisanes issues de la Drôme provençale, une ode à la féminité qui se ressent dans l’esthétique des huit pièces de la collection de mobilier et du parfum d’ambiance imaginé par le “nez” Maïlis Richard. Lors de la Paris Design Week 2024, au sein de la galerie Ellia, la fondatrice Adeline Cathelin nous a ouvert les portes de son univers bucolique. Rencontre.
Il y a trois ans, Adeline Cathelin a élu domicile à Dieulefit, un charmant village niché au cœur de la Drôme provençale. Après avoir travaillé en tant que styliste dans l’univers de la lingerie, et plus particulièrement pour Le Slip français en tant que directrice de style, la jeune femme ressent le besoin d’explorer de nouveaux horizons. « J’avais fait le tour de la filière du textile. L’idée de fournir constamment des nouveautés ne m’attirait plus. Je désirais contribuer à un écosystème axé sur la consommation, locale, durable et en circuit court », dit-elle. La créative se lance à corps perdu dans le tissage.
Cependant, une question la préoccupe : que retenir de ces 16 années passées dans l’industrie de la mode ? « Ce que j’aimais dans mon travail, c’était l’esprit d’équipe. Un aspect que je ne retrouvais pas dans le tissage. Avec autant d’artisans basés à Dieulefit, j’ai souhaité entrer en contact et collaborer avec eux. » Le studio mo- mo voit le jour en 2023.
Objets et matières
“mo-mo”, un nom pourtant simple mais qui cache une signification bien plus complexe. La lettre “m” fait référence à la matière ; le “o”, quant à lui, fait écho à l’objet – une manière de souligner le lien qu’il existe entre les deux. La répétition de “mo” symbolise la collaboration entre les artistes et les artisans.
“mo-mo” représente ainsi l’idée de quatre mains travaillant ensemble. La jeune femme part à la rencontre de nombreux artisans du village drômois pour réfléchir à une pièce de mobilier en cocréation qui les invite à sortir de leur zone de confort. La première à accepter l’aventure n’est autre que son amie céramiste Chloé Synajko. À deux, elles imaginent une suspension qui illumine aujourd’hui le restaurant JU – Maison de cuisine du chef étoilé Julien Allano.
. La bijoutière et joaillière Charlotte Gramard est la deuxième à relever le défi pour le studio mo-mo. Dans son atelier à L’Usine – tiers-lieu situé au Poët-Laval, un village près de Dieulefit –, la créatrice réalise une cuillère en argent où la fleur a laissé son empreinte sur la matière. « Je définis “mo-mo” à la fois comme un laboratoire de création reliant la matière à l’objet, mais aussi comme un studio d’expérimentation pour les artisans », ajoute la fondatrice.
Résidence de liens
Ces différents projets ont permis à Adeline Cathelin de façonner l’histoire du studio mo-mo et ses orientations futures. Quelques mois plus tard, à la suite d’une conversation avec la designeuse et céramiste Pia Chevalier, l’ancienne styliste réalise que les artistes manquent souvent de temps pour trouver des artisans en vue d’une collaboration. Cette prise de conscience pousse Adeline à fonder la résidence 001 en février dernier. Pour la sélection des cinq designeuses, la fondatrice laisse parler son cœur en choisissant des femmes artistes dont elle admire le travail. Léa Bigot, Camille Romagnani, Pauline Esparon, Pia Chevalier, Audrey Guimard… Toutes ont répondu avec joie à l’invitation. « Pour cette première résidence, j’ai eu envie de mettre à l’honneur l’artisanat féminin. J’ai choisi spécifiquement des femmes artistes et designeuses afin de les faire travailler ensemble. »
Les designeuses ont bénéficié d’une totale liberté de création dans la réalisation du mobilier, tout en veillant à intégrer le savoir-faire artisanal de la Drôme Provençale et de ses environs. Adeline leur a fourni un moodboard présentant une gamme de textures, de couleurs et de matériaux – allant du verre à la vannerie. L’objectif était de cultiver un “climat” inspirant pour leurs créations. Pendant deux jours, le collectif de femmes s’est réuni chez Adeline pour partager et discuter de leurs projets.
« L’objectif de ce workshop était de réfléchir ensemble. À la suite de cet échange, les cinq designeuses ont rencontré leur binôme. Elles se sont lancées dans une session d’exploration des matériaux en compagnie des sept artisanes du collectif 001. » Cette résidence s’est déroulée de mars à juin 2024, avec de nombreuses phases de prototypage comme pour l’assise de Pauline Esparon et la menuisière en siège Chloé Delannoy, ou encore le luminaire de la sculptrice sur pierre Audrey Guimard et de la vannière Alexandra Ferdinande. Le lien entre les artistes et les artisanes était si fort qu’elles ne voulaient plus se séparer une fois la résidence terminée. Ainsi, Adeline Cathelin a choisi de faire revivre ces duos créatifs en les proposant aux architectes avec qui elle collabore : « Il s’agit d’une agence artistique dans laquelle j’assiste les filles sur les aspects techniques de leur travail. Je souhaite que le collectif 001 continue à concevoir en parallèle. » Affaire à suivre, donc…
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