Rencontre : Lina Bou, la naturopathe créative derrière Ronia Terra

La naturopathe Suédoise Lina Bou nous partage sa vision de la cuisine qu’elle transmet à travers son studio culinaire créatif & ses workshops. Rencontre lors d’un déjeuner sur l’herbe bucolique, sa spécialité !

Par Marie Mersier - Photographies : Marine Burucoa

Sous le soleil, quelque part au Pays basque, entre l’océan et les montagnes, nous avons déjeuné sur l’herbe avec Lina Bou. Lina cuisine, dessine, s’inspire de la nature, la cueille et la célèbre, invite à se reconnecter à elle. Un art de créer et un art de vivre, où s’expriment ses mains et sa sensibilité, où la nourriture touche les sens, pour revenir à l’essentiel : le partage. C’est l’été, et dans les assiettes de Lina, il a un goût de vert croquant et de feta crémeuse, de citron et de gâteau suédois.

First thing first: Lina, d’où viens-tu ?

Je suis née en Suède et j’ai grandi dans une maison bilingue : mon père est espagnol, ma mère est suédoise. Nous habitions dans la campagne, à deux heures au nord de Stockholm, une région remplie de forêts, de lacs et de myrtilles sauvages.

La cuisine est synonyme de souvenirs, quels sont les tiens ?

À la maison, quand j’étais enfant, je me souviens d’une cuisine simple, entre tortillas espagnoles et tartines suédoises remplies de légumes. Il y avait aussi le traditionnel fika avec un beau gâteau comme celui dont je partage la recette, et un café filtre dans le jardin. Lors de la saison des fruits rouges, on allait en forêt avec ma mère pour cueillir des myrtilles, et en manger autant que possible. J’ai aussi des souvenirs en Espagne, près de Barcelone : les fruits de mer du port, la paëlla de mon oncle ou les macaronis à la catalane de ma grand-mère Antonia, qui étaient les meilleures. Ensuite, j’ai beau- coup voyagé : mes souvenirs ressemblent à un asado en Uruguay ou aux marchés locaux de fermiers en Australie. Puis je suis arrivée en France, et je suis tombée amoureuse des produits de la terre et des plantes sauvages comestibles.

Comment a commencé ton aventure en cuisine ?

Vers 7 ans, je crois, lorsque ma maman m’a laissé la liberté de jouer avec les aliments. La cuisine a été une porte d’entrée pour utiliser mes mains et ma créativité. Adolescente, j’ai pris conscience de cette alchimie, lorsque l’on mélange les bons ingrédients pour créer des recettes. J’ai aussi réalisé que la nourriture était comme une médecine.

Et depuis, quel a été ton parcours ?

Un parcours de gourmande et de curieuse. J’ai toujours été passionnée par la nature, à la fois celle qui est en nous et celle autour de nous. J’ai donc étudié la naturopathie, la phytothérapie et certaines médecines traditionnelles. En parallèle, en 2009, j’ai commencé à travailler à Stockholm pour Renée Voltaire, une femme connue pour sa cuisine végétale et ses livres de recettes. C’était une grande inspiration pour moi. Puis en 2012, je suis arrivée à Paris. Je voulais prendre du temps pour moi, pour écrire, dessiner et alors que je ne parlais pas vraiment français, la cuisine est devenue ma langue principale. J’ai commencé à créer des recettes pour un coffee-shop, à en écrire pour des magazines, et puis on m’a demandé de cuisiner pour des retraites de yoga et des ateliers ; j’ai également publié un livre avec mes recettes et illustrations. Il y a huit ans, j’ai quitté Paris pour être plus proche de la nature et rejoindre le Pays basque. La première fois que je suis venue ici, c’était à Saint-Jean-de-Luz ; il y avait une femme qui dansait le flamenco devant une église, les gens parlaient espagnol. Je me suis sentie un peu comme chez moi. J’ai toujours suivi ce qui me faisait plaisir. C’est grâce à cela que j’ai donné vie à ce que je fais aujourd’hui : un art créatif et libre.

̈ Mon langage créatif, c’est de travailler avec mes mains et d’exprimer mes visions à travers des saveurs, des textures et des couleurs. ̈

Comment exprimes-tu ta créativité ?

Aujourd’hui, dans mes créations culinaires, j’ai la chance de pouvoir naviguer entre plein d’expériences différentes, au Pays basque mais aussi à l’international, et donc de rencontrer de nouvelles personnes, d’autres cultures. Je cuisine pour des événements, des repas privés, je crée des menus ou des sculptures comestibles en partenariat avec des marques ou pour des vernissages. J’ai plusieurs casquettes dans mon métier, que j’ai réunies sous le nom de Ronia Terra, et elles nourrissent toutes ma passion pour les différents arts. Mon langage créatif, c’est de travailler avec mes mains et d’exprimer mes visions à travers des saveurs, des textures et des couleurs.

Quelle est ta philosophie en cuisine ?

Je souhaite avec mon travail redéfinir certaines valeurs : la qualité au lieu de la quantité. J’aime la poésie et la gourmandise. J’aime la simplicité des plats et les produits de qualité. Mais la cuisine, ce ne sont pas seulement des ingrédients, c’est aussi l’intention que l’on y met, la célébration qui réunit les gens, le plaisir de s’amuser et de manger. La cuisine, c’est une affaire de cœur, alors si je peux transmettre cela, c’est formidable. Et puis, il y a aussi le lien avec la nature qui est primordial pour moi. Nous avons la chance en France d’avoir une terre riche avec beaucoup de fermiers qui travaillent pour offrir des produits de rêve, et notamment au Pays basque.

Pour moi, c’est essentiel de les soutenir dans mon travail. Nous avons aussi plein de plantes et fleurs sauvages comestibles qui arrivent à différentes périodes de l’année, et j’aime les incorporer dans ma cuisine. La première chose que je fais lorsque j’arrive dans un nouveau lieu ou pays, c’est d’observer la nature qui vit aux alentours ; c’est là que je trouve une bonne partie de mon inspiration. Pour le reste, je laisse vagabonder mes idées entre une personne qui m’inspire, la musique, mes rêves, une couleur, un souvenir…Ce sont mes mains et mon cœur qui me guident.

Comment se déroulent tes semaines ?

Oh, depuis huit ans, chaque semaine est différente. Parfois, je voyage ou je me déplace pour des résidences artistiques et des événements. Parfois, j’ai des journées très simples où j’aime rester dans ma bulle de création et profiter de la vie ici, dans la campagne, à dix minutes de l’océan. Une chose est sûre : que cela soit pro ou perso, j’ai toujours un projet artistique sous la main, qu’il s’agisse de cuisiner, de dessiner, d’écrire ou de concevoir des objets en laine ou en céramique.

@roniaterra
@culinatecollective

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