Doux Août, c’est avant tout l’histoire d’un duo attiré par la culture méditerranéenne dans toute sa diversité et ses composantes. Araceli et Pierre se rencontrent il y a dix ans à Paris, où ils évoluent alors chacun dans leur domaine : la déco pour l’une, la communication pour l’autre. Entre Beaux-Arts et architecture d’intérieur, le parcours d’Araceli s’est esquissé entre les disciplines, au gré de ses inspirations puisées (entre autres) dans sa terre natale, la Castille. Pierre, lui, est originaire de Montpellier. Fatigués par le rythme de vie parisien, ils ressentent très vite le besoin de revenir aux sources pour construire quelque chose de nouveau. Ils mettent les voiles vers le Sud en 2018 et fondent leur studio créatif, Doux Août. « On avait envie de se retrouver autour d’un projet commun. Notre marque de fabrique, c’est notre goût pour la patine, les objets et les lieux qui ont une âme, l’art brut populaire au sens le plus noble du terme », explique Pierre. Ils baptisent leur studio en clin d’œil à l’art de vivre méditerranéen qu’ils aiment tant. « Beaucoup trouvent que le mois d’août est pénible dans le Sud, qu’il y fait trop chaud. Nous, on le perçoit exactement à l’inverse. En août, le rythme se ralentit, il y a une douceur et une fluidité qui nous plaisent beaucoup. »
̈ On adore les objets qui avaient un usage plutôt qu’une simple vocation ornementale. C’est une touche de décoration unique et c’est justement cette singularité qui nous intéresse. ̈
Sobriété sensible
Lorsqu’ils quittent Paris en 2018, Araceli et Pierre commencent par poser leurs valises à Montpellier, la ville natale de Pierre. Au bout de quelques années, ils souhaitent ralentir davantage et décident de partir s’installer à Béziers. La ville est plus petite et leur offre les moyens de trouver un lieu à façonner à leur goût. Le couple cherche un bien avec du vécu et du cachet, à l’image des vieux immeubles bourgeois du centre-ville. « On a eu un coup de cœur immense pour l’appartement dans lequel on vit aujourd’hui. Il était dans un état un peu critique mais nous sommes tombés amoureux de ses plafonds peints à la main. Ce sont eux qui ont guidé la rénovation. On a voulu un intérieur le plus sobre possible pour mieux les mettre en lumière », souligne Pierre. Le couple conserve tous les éléments de cachet d’origine : les plafonds à l’italienne, évidemment, mais aussi les tomettes, les grandes fenêtres en bois, les moulures, ou encore le parquet en damier qu’ils poncent pour retrouver un grain naturel… La configuration des pièces ne change pas, mais Araceli et Pierre retirent les deux portes entre le salon et la salle à manger pour ouvrir la vue depuis la cuisine vers le plafond.
̈ On a voulu façonner un espace où l’on se sent bien dans le présent, sans trahir l’âme du lieu. ̈
De la même manière, la cheminée décorative du salon se distingue par sa sobriété qui apporte de la modernité sans prendre le pas sur les peintures à l’italienne. « Nous avons voulu épurer au maximum les espaces, jouer sur les textures des murs, garder un aspect brut et naturel », partage Araceli. Sous les multiples couches de papier peint, le mur du salon dévoile une patine brute que le couple décide de conserver telle quelle ; un formidable écrin pour le bureau d’Araceli, qui s’adonne à la peinture et au dessin dès qu’elle le peut. Sur du papier ancien, du lin naturel, un morceau de carton ou encore des parefeuilles de céramique, elle joue avec la matière autant qu’avec l’objet, inspirée par tout ce qui compose l’ordinaire.
Les magnifiques plafonds à l’italienne de l’appartement ont guidé la rénovation. Araceli et Pierre ont voulu un intérieur le plus sobre possible pour mieux les mettre en lumière. Canapé en lin Maisons du Monde, lampe béton A.S.L et fauteuils à bascule espagnols anciens Doux Août. Sur le banc ancien, lampe à poser Akari et enceinte Marshall.
Respecter et sublimer le lieu
Pour le couple, cet appartement traversant de 100 mètres carrés est un véritable terrain de jeu. Naturellement, Araceli et Pierre ponctuent ainsi l’espace de pièces dénichées en brocante, l’une de leurs grandes passions. « Ces pièces ont un vécu, une histoire que nous tentons, à notre humble échelle, de raconter. On adore les objets qui avaient un usage plutôt qu’une simple vocation ornementale. C’est une touche de décoration unique et c’est justement cette singularité qui nous intéresse. Après tout, pourquoi fabriquer encore, quand on peut littéralement faire du neuf avec du vieux… », observe le couple. La recherche de mobilier, qui fait la part belle aux matériaux nobles et aux lignes épurées, correspond à une volonté de sobriété et de finesse. Cette démarche a guidé l’agencement de la cuisine, conçue à partir de meubles essentiellement chinés : un garde- manger rénové, des glacières (anciens meubles de boucherie) en guise de plans de travail et une petite table en bois. De bric et de broc, l’espace se veut avant tout agréable et confortable. Les poteries, mises en valeur comme des œuvres d’art, font également partie intégrante de la décoration. Ces céramiques intemporelles aux formes reconnaissables, typiques de l’artisanat populaire méditerranéen, proviennent des villages alentour ou d’Espagne où le couple se rend régulièrement. « On a une passion absolue pour la terre cuite, on en met un peu partout ! Plus elle est patinée, plus elle nous plaît ! Au fil du temps, on s’est créé une collection qui nous réjouit », sourit Araceli. Çà et là, Araceli et Pierre disposent quelques rares accessoires contemporains, surtout des lampes choisies pour leur allure minimaliste et japonisante. « On est très sensibles à l’esthétique wabi-sabi qui célèbre la beauté du temps qui passe. La sobriété, l’imperfection, c’est tout ce qu’on aime ! »
Entre matières naturelles et teintes douces, l’atmosphère authentique et enveloppante se joue jusque dans les moindres détails, du choix de la peinture à celui des interrupteurs, subtils marqueurs d’ambiance. « On a voulu façonner un espace où l’on se sent bien dans le présent, sans trahir l’âme du lieu. Peu importe notre champ d’activité, on cherche toujours à donner une interprétation contemporaine au patrimoine, au-delà de la photographie antique, surannée », souligne Pierre.
Invitation au voyage méditerranéen
Direction artistique, décoration d’intérieur, antiquités, chine sur- mesure… l’approche de Doux Août est multiple. Pour Araceli et Pierre, ce qui importe, c’est la rencontre. À Béziers, ils ne se lassent pas d’explorer un environnement où tout est possible. Souvent, ils flânent dans les ruelles étroites du centre-ville, en quête de vieux bâtiments fascinants. C’est ainsi qu’ils ont découvert les Ostals, deux sublimes hôtels particuliers au charme merveilleusement décadent. En collaboration avec les propriétaires, ils ont imaginé alors tout un concept éphémère qui mêle art contemporain, patrimoine, boutique et café pour faire vivre les lieux en attendant leur rénovation. « On a voulu ouvrir les portes de cet endroit incroyable », confirme Pierre. Espace de création et de contemplation, le projet des Ostals est un trait d’union, un hommage à la Méditerranée, terre de métissage, d’aventures et de lien. Un lieu de vie hybride, porté par une approche sensible de l’espace intérieur où le duo propose autre chose que ce qui existe déjà, comme il sait si bien le faire.
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Sélection à retrouver dans le HOME Magazine n°111 (mai-juin 2024), disponible en kiosque
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